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POLICE DE VIRGINITE EN ALGERIE

 

 

L’Algérie et sa police de la virginité

 
En Algérie, les forces de l’ordre se seraient métamorphosées en police des mœurs. Place à la police de la virginité, un phénomène nouveau qui se multiplie à Alger.
 

Par les temps qui courent, il ne fait pas bon pour une femme en Algérie de se balader avec son petit ami ou tout simplement avec ses copains. Au risque d’atterrir, contre son gré et sous escorte policière, dans un hôpital dans le but de subir un examen médical pour prouver l’innocuité de sa virginité.

Or, pour user d’un tel excès de pouvoir et réaliser ce genre de test, la jeune fille doit avoir déposé plainte au préalable suite à un viol. Mais dans de nombreux cas, il n’y a eu ni viol, ni dépôt de plainte.

 

Ces jeunes filles sont examinées par des gynécologues comme l’atteste cette enquête publiée dans le journal El Watan : « Quand votre virginité devient l’affaire de la police ». On note une recrudescence de cette pratique illégitime, « illégale » et qui provoque « de graves traumatismes.

 

Elles étaient terrorisées. Choquées d’avoir été interpellées par les forces de l’ordre et de devoir passer ce type d’examen ! », lance un gynécologue de garde dans un hôpital de l’est algérois, qui s’est confié à El Watan. Il affirme être de plus en plus sollicité par des agents de police pour pratiquer ce genre de test.

 

Le médecin confirme également la règle qui encadre cette pratique : « Ce type d’examen se fait, d’habitude en présence de la mère, dans des cas de viol ».

Cet excès de zèle de la part de certains policiers algériens va contre les lois de la République, car même dans un cas de viol, la jeune fille doit être examinée par un médecin légiste et non par un gynécologue.

 

Et c’est le procureur de la République qui dirige la victime vers des médecins légistes agréés auprès des tribunaux.

 

Un ministre embarrassé

Les premiers faits ont été révélés dans la daïra de Chéraga, dans la wilaya d’Alger, où des jeunes filles ont été soumises de force à une réquisition d’examen d’hymen.

 

Cette pratique illicite, qui tend à devenir un fléau, avait déjà été dévoilée au grand jour dans un article publié en mars dernier par le quotidien algérien L’Expression. Face à l’ampleur de la médiatisation de ce phénomène, le ministre de l’Intérieur, Daho Ould Kablia, s’était résolu à sortir de son silence.

 

Bien qu’il ait avoué ne pas avoir été mis au courant au sujet de telles pratiques, le ministre s’était prononcé avec beaucoup de colère, probablement gêné que de telles histoires paraissent dans les médias : « Pour moi c’est illégal. C’est une mesure tout à fait illégale, inconvenante et inacceptable. C’est ce que vous voulez que je vous dise ? », s’était-il emporté. « 

 

Ce n’est pas encore vérifié et ce n’est pas avéré ! En tout cas, aucune autorité supérieure n’a donné des instructions dans ce sens », avait-il ajouté. Les nombreux témoignages prouvent pourtant le contraire. Alors qu’il s’était engagé à « voir ça avec le directeur général de la Sûreté nationale », aujourd’hui rien ne semble avoir changé.

 

Les spécialistes du droit sont, selon L’Expression, unanime sur le fait qu’une enquête administrative aurait dû être ouverte face à de « pareilles circonstances ». Une idée qui ne semble pas être venue à l’esprit du ministre algérien de l’Intérieur. Qu’en est-il aujourd’hui suite à de nouvelles bavures ?

 

De la « débauche » au « viol »

La police ne se contenterait plus des fameux « familtek ? » (C’est ta famille ?, ndlr) lancé par la police aux hommes en compagnie de filles à des heures tardives. Ces dernières sont désormais conduites de force dans les hôpitaux comme le confirme l’enquête d’El Watan.

 

Le tabloïd algérien raconte une anecdote : « A la sortie de la salle d’examen, un des policiers se présente pour obtenir le résultat, que la loi impose de remettre dans une enveloppe cachetée, d’un vulgaire "Wech ?" ». Un « wesh ? » employé régulièrement au Maroc et en Algérie et pouvant se traduire par « Alors ? ». Alors « ça ne vous regarde pas ! », a répondu avec fermeté le médecin. « Il faut bien que je sache quoi écrire sur le PV ! », rétorquent avec insistance les policiers à des médecins incrédules.

 

Au cas où la fille n’est pas vierge, la police procède à un procès-verbal avec pour motif attentat à la pudeur. Mais beaucoup s’interrogent, comme cette avocate qui requiert l’anonymat, sur le rapport entre la virginité et un crime ou une infraction.

 

A ce sujet, les juristes sont formels : « seul peut être considéré comme atteinte à la pudeur un acte particulièrement explicite. Le constat doit se faire en flagrant délit et même dans ce cas, la virginité ne prouve rien. »

 

Comment les policiers en sont arrivés à se muter en policier des mœurs ? La Sûreté nationale dément avoir donné toute instruction dans ce sens. Mais ce qui est sûr, c’est que les agents ont été encouragés à être plus sévères à l’égard des couples, ceci dans le but de décourager toute dérive.

 

Mais en l’absence d’un acte sexuel opéré en pleine rue ou dans une voiture, aucune loi en Algérie n’interdit aux femmes de sortir tard le soir ou bien de se balader avec un homme, souligne une avocate citée par El Watan.

 

Viol ou pas viol, de nombreux avocats en Algérie pointent du doigt ces tests de virginité. « En quoi cette information peut être utile ? Si la fille n’est pas vierge, ça ne sera pas la première à ne plus l’être et ne prouve rien », souligne maître Y.C.B. Ces examens revêtent en réalité un fléau bien ancré dans les sociétés à dominante musulmane : l’honneur de la famille.

 

Par exemple, comme au Maroc, en cas de viol, une jeune fille algérienne peut être amenée à épouser son bourreau uniquement pour préserver sa famille de la « hchouma » (honte, ndlr). Un calvaire qui a déjà mené à la mort la jeune marocaine Amina el Filali.

 

(article issu de Afrik.com)

 



18/04/2013
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